Offrir un animal d’élevage, c’est sauver une famille

Dans les enclaves du Kosovo, la pratique de l’élevage et l’agriculture sont les piliers de la résilience des foyers. Les produits issus de ces deux activités agricoles (tel que le lait, la laine, les œufs, les légumes, les fruits etc.) permettent d’améliorer la vie des foyers. Utilisés d’abord pour un usage personnel, ce sont des moyens de subsistance. La commercialisation des excédents permet dans un second temps de générer des liquidités monétaires qui peuvent être mobilisée en période de soudure.

Cette année, grâce à vos dons, ce sont trois tranches de distributions qui ont été réalisées totalisant une enveloppe d’aide de 63.000 euros.  Le don de bétail a permis à de nombreuses familles des enclaves de bénéficier d’une activité d’élevage nourricière complémentaire à l’activité agricole déjà développées.

Le bétail est l’unique actif des familles

Le don de bétail est une démarche très encadrée. Les visites de nos équipes auprès des bénéficiaires sont régulières et permettent de s’assurer du bien-être et de la santé des animaux ainsi que de la bonne utilisation du don. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que les animaux sont véritablement choyés par leurs hôtes. Les familles se montrent particulièrement reconnaissantes envers les animaux qu’ils considèrent comme leur seul actif à l’instar d’Ivan Tripković de l’enclave de Plemetina, heureux bénéficiaire d’un don de vache laitière. : « Lorsque notre amie bovine est arrivée à la ferme, notre famille s’est agrandie! Elle est devenue un membre de la famille à part entière. D’ailleurs ma fille lui a donné un prénom très évocateur: Cookie! » Il faut dire que la vache laitière est particulièrement généreuse: il s’agit d’abord d’une grande productrice de lait qui une fois transformé génère des fromages, des yaourts, des crèmes et du beurre. Autant de produits dérivés que toute la famille peut consommer. 

Agriculture et élevage sont complémentaires

« Courageux et travailleur », c’est par ces qualificatifs que Svetlana, directrice de la soupe du diocèse présente Ivan, 36 ans, agriculteur éleveur de Plemenita. Avec son épouse, Jelena, 31 ans, ils élèvent leurs filles dans le village où le père et le grand-père d’Ivan sont nés. Tina a 13 ans et Nevena en a 10, elles sont toutes deux de très bonnes élèves.  

Ivan et Jelena cultivent 2 hectares de maïs et 2 hectares de blé. Cette activité agricole leur procure de la nourriture et quand la production est bonne, un peu de liquidité pour payer  les frais de scolarité et de santé.

Le couple a décidé d’associer aux activités agricoles, un petit élevage nourricier afin de diversifier leurs sources de revenu et de renforcer la sécurité alimentaire de leur foyer. En plus de la vache reçue en don, ils élèvent des poulets, des oies et des porcs. Ils expliquent que l’agriculture et élevage sont complémentaires : les résidus de récoltes nourrissent les animaux dont les déjections fournissent de l’engrais naturel utilisés pour faire pousser des cultures nutritives.  

Une double activité leur garantissant une activité stable et des revenus même en période de soudure.

« La soudure, c’est le trou »

Autrefois en France, la soudure correspondait à la période durant laquelle les greniers étaient vides. Aujourd’hui, dans les enclaves du Kosovo, en période de soudure, les greniers et les réserves financières accumulées à partir d’autres activités sont épuisées : la famille a fini ses récoltes et il n’a plus d’argent. La durée de la soudure varie d’une année à l’autre, suivant les revenus agricoles et autres rentrées financières.

 Vesna Joksimovic, 57 ans, est une rescapée. C’est le cheptel ovin qu’elle a reçue en don qui l’a extirpé du « trou» comme elle le nomme. « La soudure, c’est le tourbillon, une période où les pauvres deviennent encore plus pauvres, et où les non-pauvres peuvent à tout moment à tomber dans la pauvreté, dans le trou. Nous y sommes restés longtemps. Ce fut une époque très sombre. Nous mangions chichement et parfois pas du tout » confie Vesna d’une voix douce et calme. Veuve, elle vit avec son fils, Miloš, 26 ans, dans l’enclave de Bosce. Ils cultivent avec bravoure trois hectares de terre. Ils ont débuté avec succès une activité d’élevage ovin grâce au don de bétail de Solidarité Kosovo. Père Serdjan nous disait à son sujet que « malgré tous les ennuis qui lui sont arrivés, elle est déterminée à ne pas quitter sa maison. Elle est déterminée à rester avec son fils sur leurs terres pour se battre ensemble pour un avenir meilleur. »

Chez Vesna comme dans nombre d’autres foyers serbes des enclaves, les effets de la soudure se manifestaient par la sous-alimentation voire la malnutrition. Les familles ne mangent que deux repas quotidiens, voire un seul, au lieu de trois.

C’est grâce à l’élevage familial que les Joksimovic ont pu tourner la page de soudure. « Nous montons nous ont changé la vie. Ce sont nos sauveurs ! » sourit Vesna en cajolant une de ses bêtes.

Les animaux constituent donc une forme d’épargne qui permettent aux familles conserver leurs activités agricoles pour se nourrir tout en dégageant un petit revenu supplémentaire.

Fermer le menu