A l’occasion du vingtième anniversaire de l’inscription du monastère de Visoki Dečani sur la Liste du patrimoine mondial, le siège de l’UNESCO accueille une exposition sur les monastères du Kosovo-Métochie sous le haut-patronage d’Arnaud Gouillon, Président de Solidarité Kosovo, du ministre de la Culture serbe, Nikola Sekalovic et du Patriarche Porphyre de Serbie.
Une première exposition à cette échelle
Dans les institutions internationales parfois consensuelles, qui est à l’origine des expositions les plus inattendues ? Au siège de l’Unesco, Arnaud Gouillon s’est longtemps battu afin que l’ambitieuse exposition sur les joyeux de la chrétienté au Kosovo ouvre ses portes. Y sont dévoilés des vestiges de l’art médiéval serbe, notamment les quatre sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial ainsi que des monuments culturels de premier ordre. L’exposition combine l’art visuel avec les médias interactifs et l’histoire culturelle au moyen desquels elle tente de transmettre la signification profonde de ces lieux saints et leur importance pour l’histoire serbe et son Église. Les visiteurs sont immergés dans un espace qui met en scène la richesse spirituelle et culturelle exceptionnelle des lieux et leur état actuel de grande vulnérabilité. Le contraste est saisissant.
Les biens religieux les plus menacés d’Europe
Il flottait un air d’encens au siège de l’Unesco. Dans son allocution d’inauguration, le patriarche Porphyre de Serbie a appelé à protéger les sanctuaires chrétiens du Kosovo-Métochie en rappelant la splendeur et le drame qui entoure le monastère de Visoki Decani, symbole de la persécution anti-chrétienne au Kosovo.
« Le patrimoine chrétien a traversé les siècles et les vicissitudes de l’histoire de la Serbie. Aujourd’hui malgré le danger permanent qui l’entoure, il continue d’accomplir inlassablement sa mission : porter la lumière. La lumière de la foi au milieu de l’obscurité, des doutes et des interrogations. La lumière de l’espérance au milieu des violences, de la méfiance et de la peur. La lumière de l’amour au milieu de tant de mensonges, de rancœurs et de passions. »
« En protégeant le patrimoine, on protège les gens »
Rien qu’en 2024, 31 attaques visaient la destruction et la profanation de biens religieux chrétiens au Kosovo. Outre ces « attaques terrains », les sites chrétiens sont quotidiennement la cible de falsification historique et d’usurpation par les radicaux albanais dans les médias et sur la scène politique.
Mais les tentatives sont vaines, comme l’affirme Arnaud Gouillon à la tribune de l’Unesco. «L’Unesco a démontré l’importance des sanctuaires serbes et leur fragilité. Ce patrimoine est unique. A Paris, on sait combien la France est attachée à son patrimoine. Nous avons pu constater après l’incendie de la cathédrale Notre-Dame et l’émotion incroyable qu’il a suscité. Nous avons vu combien de personnes ont aussi participé à sa restauration : associations, citoyens, gouvernement ».
Le patrimoine culturel n’est pas chose morte, il est bien vivant et incarné
« Derrière chaque vieille pierre, il y a des hommes et des femmes. Le patrimoine est l’incarnation d’une histoire vivante, de personnes qui ont fondé une culture unique et qui mérite de vivre. Comme le monastère de Visoki Dečani qui revit chaque matin quand les voix graves et profondes des moines percent le silence de l’aube et inondent l’espace de leurs chants merveilleux. Au monastère de Gračanica, des familles entières, des milliers de familles serbes, vivent au rythme des cloches et donnent vie à ce monastère. On y baptise des enfants, on s’y marie, on y célèbre des fêtes, des Vidovdan aussi, mais aussi des funérailles, car c’est ça la vie. En protégeant le patrimoine, on protège les gens qui y vivent», conclut le président de Solidarité Kosovo.
Grâce à cette belle collaboration franco-serbe, l’exposition a connu un franc succès et a attiré plus d’une centaine de dignitaires français et européens ainsi que des représentants de la ville de Paris s’accordant la beauté mystique des lieux sacrés du Kosovo et leurs protections impératives.
Sur les 56 sites culturels en péril listés par l’UNESCO 4 sont au Kosovo
Il y a 20 ans, l’UNESCO a inscrit le monastère de Visoki DečanI sur la liste du patrimoine en péril. Deux ans plus tard, trois autres sites sont ajoutés le Patriarcat de Pec, Visoki Decani, Gracanica et l’église Notre-Dame de Ljevis à Prizren. Un statut qui dérange les dirigeants albanais du Kosovo notamment la président (sic) Vjosa Osmani, le Premier ministre (sic) Albin Kurti et le président de l’Assemblée (sic) Glauk Konjufca qui ont demandé leur retrait de la liste auprès de l’institution il y a trois ans affirmant que « les conditions de sécurité au Kosovo ont complètement changé depuis 2006, lorsque ces monuments ont été évalués comme étant en danger. Une manœuvre avortée puisqu’il a été confirmé l’année dernière, en juillet 2024, lors du Comité intergouvernemental pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel, réuni à New Delhi, qu’il existe toujours des raisons légitimant leurs présences sur cette liste.








