« Hristos Voskrese !» Le Kosovo à l’heure de Pâques

En ce jeudi 5 mai, la France fête l’ascension. De leur côté, les Serbes du Kosovo célébraient Pâques dimanche dernier, le 1er mai, selon le calendrier julien. Considéré comme le cœur même de la foi chrétienne, Pâques évoque aussi bien la passion que la crucifixion et la résurrection de Jésus. C’est pourquoi les familles serbes sont fidèlement attachées aux célébrations et aux coutumes qui jalonnent la montée pascale. Solidarité Kosovo vous invite à découvrir quelques-unes de ces belles traditions dont la pratique est toujours vive au Kosovo-Métochie.

Le « Grand Carême » imprime tout le Kosovo chrétien

« Si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine », affirme Saint Paul. L’espérance chrétienne repose sur la victoire de Jésus sur la mort et la promesse que ceux qui ont été baptisés dans sa mort ressusciteront avec lui.  C’est pourquoi, Pâques, plus encore que Noël, demeure la fête chrétienne la plus importante.

Pour se préparer à cette fête que représente la résurrection du Christ, les Chrétiens du Kosovo jeûnent durant quarante jours avant Pâques et parfois même plus tôt durant le pré-Carême. Loin de disparaître, le « Grand Carême » est de plus en plus suivi. Près de trois quart des Serbes adapteraient leurs habitudes alimentaires pendant la montée pascale. Si bien que les plats étiquetés « posno » – vegan en français- ont envahi les restaurants et les épiceries. « Ici, au Kosovo, le jeûne pascal est devenu une habitude très populaire. Tous les professionnels du secteur agro-alimentaire ont adapté leurs offres aux impératifs de cette période » confie Slavoljub, boulanger à Gračanica.

Le Samedi de Lazare et la « couronne de l’immortalité »

Le Samedi de Lazare signe la fin du « Grand Carême ». Ce jour précède la semaine Sainte. Cette fête est considérée comme une anticipation de Pâques et du mystère de la Résurrection. C’est pourquoi ce samedi est célébré comme un dimanche, jour de la Résurrection.  Pour rappel, Lazare fut le frère de Marie et de Marthe, miraculeusement ressuscité par le Christ trois jours après sa mort.

De nos jours au Kosovo, lors du samedi de Lazare se déroule un rite populaire printanier appelé « Verbice ». Cette journée est dédiée aux enfants et aux adolescents à qui les parents tressent une couronne de feuilles de saule, symbole de la fécondité et de l’immortalité, et qui, selon la croyance populaire, leur transmet force et vigueur.  

Le dimanche des Rameaux et la protection du saule

Au lendemain du samedi de Lazare, les chrétiens du Kosovo célèbrent le dimanche des Rameaux en souvenir de l’entrée triomphale de Jésus dans Jérusalem. C’est la dernière fête avant Pâques qui symbolise la reconnaissance du Christ en tant que Rédempteur.

Ce jour là encore, le saule est l’élément central du rituel populaire. Lors de la messe, le prêtre distribue aux fidèles des rameaux de saule en souvenir de l’accueil réservé à Jésus dans Jérusalem. Les fidèles ramènent à leurs domiciles les rameaux de saule bénis qu’ils accrochent près d’une icône. Ils posséderaient la vertu de protéger le foyer contre les esprits des ténèbres, les incendies, la foudre et la grêle.

Pâques, le sommet de la vie liturgique

Les trois premiers jours de la Semaine Sainte, appelée aussi « Semaine de la Passion », la liturgie des Dons présanctifiés est célébrée.
Le Jeudi saint, les vêpres sont suivies de la liturgie commémorant la Sainte Cène, mais le rite du lavement des pieds n’est accompli que par les évêques. 
Dans la nuit, douze extraits des évangiles relatant l’histoire de la Passion du Christ sont lus au cours des matines du Vendredi saint.
Le Vendredi saint après-midi est célébré l’office des vêpres avec la procession de l’épitaphion. L’épitaphion, ou linceul, est un tissu brodé représentant le Christ gisant. Au terme de la procession, il est déposé sur une représentation du tombeau du Christ au milieu de l’église, que tous les fidèles viennent vénérer.

Messe de minuit et miracle de la lumière

La liturgie pascale se déroule en deux temps.
Les vêpres du Samedi saint sont suivies d’une première liturgie eucharistique de Pâques. Après les lectures vétérotestamentaires et apostoliques (qui sont pratiquement les mêmes que dans la vigile pascale latine) les célébrants revêtent les ornements blancs et l’Évangile de la Résurrection est proclamé.

Dans la nuit de Pâques, l’office de Minuit est d’abord célébré. Au cours de la procession de minuit, les fidèles reçoivent des cierges qu’ils viennent allumer dans l’église plongée dans l’obscurité. Le prêtre apparait muni d’une bougie, annonce “Venez prendre la lumière à la Lumière sans déclin et glorifiez le Christ ressuscité d’entre les morts”, puis fait passer la bougie de main en main pour allumer les cierges.

Une procession autour de l’église est alors effectuée, les croyants sont munis de la croix et des icônes. Un célébrant reste dans l’église durant la procession (ou la cérémonie devant l’église), ferme les portes d’entrée et est chargé d’allumer tous les cierges et lampes restantes, ainsi que de faire brûler l’encens. La procession arrive devant les portes closes et le prêtre lit le récit de la résurrection, puis encense.

Les portes de l’église sont ensuite ouvertes et la procession pénètre dans l’allée centrale illuminée. Le prêtre interpelle les croyants “Le Christ est ressuscité” et ces derniers répondent “En vérité, Il est ressuscité !”. Deux chœurs récitent plusieurs odes en psalmodie pendant que le prêtre encense l’église. À la fin des liturgies et des chants, le prêtre tenant l’évangéliaire se poste devant les portes du lieu sacré. Les fidèles viennent baiser l’évangile, puis l’homélie pascale de saint Jean Chrysostome clôture la cérémonie.

La peinture des œufs de Pâques

Étroitement associé à Pâques, les œufs sont à l’honneur au Kosovo. Ils symbolisent à la fois la fertilité, la vie et la renaissance. L’œuf est également un symbole religieux. Il représente le tombeau dont le Christ est sorti vivant.
Au cours des jeudi et vendredi Saints, toute la famille se réunit pour peindre et colorer les œufs de Pâques. Une tradition ancienne encore largement pratiquée consiste à faire bouillir les œufs avec des pelures d’oignons pour leur donner une jolie couleur brun rouge. La coutume veut que le premier œuf soit peint en rouge pour symboliser le sang du Christ. Il sera conservé jusqu’à la prochaine Pâques en guise de protection du foyer.

La peinture des œufs de Pâques est une activité aussi populaire qu’appréciée. Elle fait place le dimanche de Pâques au « duel d’œuf ». Lors du repas pascal, chaque membre de la famille choisit un œuf décoré puis,  tour à tour, chacun à table essaie de casser l’œuf de son voisin avec trois doigts. Celui qui parvient à garder son œuf intact est le gagnant du duel. L’œuf vainqueur est aussi considéré comme signe de chance pour son détenteur.

« Hristos Voskrese ! » en lieu et place des salutations

Au cours du dimanche de Pâques et jusqu’au mercredi qui suit, lorsque les chrétiens du Kosovo se rencontrent, ils se saluent par l’acclamation « Hristos Voskrese!» «Le Christ est ressuscité!» et se répondent « Vaistinu voskrse!»  «  En vérité Il est ressuscité!».
 

Dans la vie des chrétiens du Kosovo, il est peu de réjouissances. Pâques fait figure de la plus importante d’entre elles. C’est pourquoi Solidarité Kosovo avait à cœur de vous faire partager ces moments de vie en couleurs qui évadent tout un peuple d’un quotidien bien morne. Que le Christ ressuscité leur ouvre des chemins d’espérance !

Solidarité Kosovo leur renouvelle ses vœux pour Pâques et formule ses vœux aux amis de l’association qui fête aujourd’hui l’ascension!

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