Nikola Perić agressé au Kosovo

Nouvelle vague d’attaques antiserbes au Kosovo : « Que doit-il encore arriver !? »

L’attaque le 1er juillet au soir d’un jeune garçon serbe par plusieurs individus qui lui ont arraché sa croix met en lumière l’augmentation des violences antiserbes depuis quelques semaines, et particulièrement au cours du mois de juin. Solidarité Kosovo dénonce ces violences et demande à la communauté internationale de s’engager enfin avec fermeté dans la protection de la minorité serbe du Kosovo-Métochie.

Le 1er juillet au soir, Nikola Perić, jeune garçon de 13 ans, a été battu par un groupe d’Albanais dans le village de Gojbulja, près de Mitrovica. Alors qu’il revenait du football, plusieurs jeunes hommes l’ont jeté au sol, l’ont battu et ont arraché la croix qu’il portait autour du cou. Il a été soigné à l’hôpital de Mitrovica.

Ces dernières semaines, les attaques, menaces et provocations antiserbes se sont multipliées partout au Kosovo-Métochie. Parmi les plus marquantes, l’arrestation le 28 juin de Risto Jovanović.

Risto Jovanović lors de son arrestation le 28 juin, juste devant Gazimestan.

Ce jeune homme est venu du Monténégro pour fêter Vidovdan à Gazimestan : ce monument élevé à la mémoire des soldats chrétiens de l’armée du Prince Lazar qui, le 28 juin 1389, se sont sacrifiés pour porter un coup d’arrêt à l’avancée de l’armée ottomane vers l’Europe. La veille, les autorités autoproclamées de Pristina avaient publié un communiqué annonçant qu’elles ne tolèreraient aucune « provocation » en cette fête de Vidovdan et qu’elles arrêteraient tous les fauteurs de trouble. Devant l’absence de troubles, et malgré les tentatives d’humiliations de nombreux jeunes hommes contraints de retirer leurs T-shirts portant un drapeau serbe ou n’importe quel signe religieux (croix, monastère, etc), la police présente sur place a entrepris de fouiller une religieuse orthodoxe. Risto Jovanović, passant devant cette scène choquante, a interpelé les policiers, signalant l’ignominie de ce qu’ils étaient en train de faire. À peine avait-il fini sa phrase que des agents en civil l’embarquaient sans ménagement dans un véhicule de police ; Pristina tenait son « fauteur de trouble »… Le 30 juin, après plus d’une journée de garde à vue, Risto Jovanović a été jugé en première instance et condamné à un mois de détention pour « provocation à la haine raciale ». Une décision injustifiable qui prouve une fois de plus qu’un Serbe n’est jamais en sécurité nulle part au Kosovo, et surtout pas dans un palais de « Justice ».

Autre affaire marquante, et tout aussi scandaleuse : Dragica Gašić est revenue vivre depuis début juin dans la ville de Djakovica, qu’elle a dû quitter pendant la guerre.

Dragica Gašić avec Petar Petković, directeur du Bureau pour le Kosovo-Métochie, au monastère de Gracanica.

La ville de Djakovica se trouve en Métochie, non loin du monastère de Decani. Avant le retour de Dragica Gašić, les seules Serbes qui y vivaient encore étaient trois religieuses qui vivent dans le monastère de la ville. Chaque année ou presque, des pèlerins qui veulent venir fêter Noël ou Pâques dans ce monastère sont refoulés par les Albanais.

Depuis son retour, Dragica Gašić vit un calvaire : menaces de mort, caillassages de son appartement, insultes dans la rue, etc. Il y a quelques jours, 11 associations de la ville de Djakovica ont publié une pétition exigeant des autorités qu’ils l’excluent purement et simplement…

Elle dit qu’elle savait que ça serait difficile de revenir vivre chez elle, seule Serbe dans une ville entièrement albanaise, mais qu’elle n’imaginait pas que ça serait aussi violent. « Je n’ai pourtant jamais fait de mal à personne, ni avant la guerre, ni pendant. Je veux juste vivre chez moi, en paix avec tout le monde », déclare-t-elle.

Les autorités ont laissé faire pendant un mois, avant de passer à leur tour à l’action : alors que le Bureau serbe pour le Kosovo-Métochie avait financé l’achat et l’installation d’une porte blindée pour le logement de Dragica Gašić, pour qu’elle soit au moins en sécurité chez elle, la municipalité de Djakovica a tout simplement interdit que cette porte soit installée…

En plus de ces trois affaires particulièrement choquantes, de nombreuses autres provocations ont été enregistrées récemment. Il y a quelques jours, un grand drapeau de l’Église orthodoxe serbe installé sur le monastère de Gracanica pour les célébrations entourant les 700 ans de sa fondation a été volé une nuit, puis une vidéo a circulé montrant ce drapeau piétiné et brûlé par des individus arborant le drapeau albanais ; une large affiche représentant ce même monastère de Gracanica a été taguée des mots « UCK » et « Albanie » ; des bus de pèlerins ont été stoppés à la limite administrative entre la Serbie centrale et le Kosovo, et refoulés ; un autre bus de pèlerins a dû faire demi-tour quelques kilomètres après ce même passage, refoulé par la police ; des graffitis ont été peints sur la porte de la basilique Saint-Sauveur à Pristina après qu’un office y a été célébré pour la première fois depuis la fin de la guerre ; un panneau indiquant le monastère de Draganac a été une nouvelle fois détruit ; etc.

Le panneau du monastère de Draganac a été une nouvelle fois détruit.

Suite à l’attaque contre Nikola Perić, le Bureau pour le Kosovo-Métochie demande dans un communiqué : « Que doit-il encore arriver avant que la communauté internationale prenne au sérieux les risques que courent quotidiennement les Serbes au Kosovo-Métochie ? Faut-il que d’autres enfants soient encore pris pour cible pour qu’on obtienne enfin une réaction, ou tout le monde va-t-il continuer à prétendre que rien de tout ça n’arrive ? »

Le communiqué précise également que cette attaque est survenue le jour où le Secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg était justement au Kosovo pour faire de la préservation de la paix et de la sécurité la mission principale de la Kfor…

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