Sept pianos livrés à la seule école de musique serbe du Kosovo

Lors de la guerre de 1999, la plupart des infrastructures serbes du Kosovo-Métochie ont été fermées  ou détruites ; tout ce qui pouvait rappeler le passé chrétien de la région a été soit brûlé (dont plusieurs centaines d’églises et monastères partout au Kosovo), soit rendu invisible. De nombreux musées ont été évacués en urgence vers la Serbie centrale ou dans les enclaves serbes du Kosovo, où certains conservateurs ont ouvert des centres culturels où ils exposent ce qu’ils ont pu emporter ainsi que, le plus souvent, la mémoire de la guerre et de l’épuration ethnique.

Les écoles dans la plupart des villes ont elles aussi été fermées, et les écoliers ont dû se réfugier dans celles des enclaves. Dans l’enclave de Stanisor, un petit village de quelques centaines d’habitant, c’est une école d’un type particulier qui a été (re)créée. Fuyant les persécutions, le directeur de l’école de musique de Gnjilane s’est réfugié dans ce village resté serbe. Là, il a rapidement entrepris de remonter l’école de musique, avec les quelques instruments qu’il avait pu emporter. C’est aujourd’hui la seule école de musique accueillant les élèves chrétiens au Kosovo.

De nombreux enfants et jeunes viennent régulièrement de toute la région pour prendre des cours de guitare, d’accordéon, de violon, de piano et de nombreux autres instruments. Ils y apprennent la musique classique et la musique traditionnelle serbe, sous la houlette attentive de ce professeur qui a continué de croire en son rêve malgré les événements dramatiques qui se sont dressés sur son chemin.

Aujourd’hui, l’école de musique accueille plus de 300 élèves, la majorité dans ses locaux principaux à Stanisor et quelques dizaines dans des succursales ouvertes dans les plus grandes enclaves du Kosovo.

Parmi eux, les plus âgés, ceux qui ont rejoint l’école à sa réouverture, recevront bientôt leur diplôme de professeur de musique et partiront un peu partout au Kosovo-Métochie pour former les générations futures. Certains d’entre eux peuvent même sérieusement envisager de vivre comme musicien en Serbie centrale, preuve du grand sérieux de cette école qui travaille pourtant dans des conditions inimaginables.

Nous pensons qu’il est indispensable, parallèlement aux projets urgents et vitaux pour la survie des familles serbes du Kosovo, tel les convois humanitaires, la construction de fermes ou la rénovation d’écoles, de ne pas négliger le sport et la culture.

En effet, « l’Homme ne se nourrit pas que de pain ». Il vit de musique, de tradition, de sa capacité à faire vivre sa culture tout en renforçant les liens entre ceux qui la partagent. C’est la raison pour laquelle nous avons cet été décidé de venir en aide à la seule école de musique chrétienne du Kosovo.

Nous avons acheté sept pianos qui ont été livrés dans les locaux de l’école au mois d’octobre. Installés dans autant de pièces, ils permettront aux élèves de travailler plus efficacement. En effet, les familles n’ayant le plus souvent pas les moyens d’acheter de piano, même d’occasion, les élèves suivant ces cours viennent régulièrement – jusqu’à une heure par jour cinq jours par semaine pour certains – dans les locaux de l’école pour faire leurs exercices.

Nous ne doutons pas que cet achat rehaussera encore le niveau de l’école. Nous l’avons constaté lors de l’inauguration de ces pianos, à l’occasion de laquelle nous avons assisté à un magnifique concert de la part des élèves : ils sont nombreux à travailler dur pour devenir des musiciens accomplis capables de faire vivre la culture serbe au Kosovo-Métochie, et pourquoi pas de la faire rayonner dans le monde.

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