L’amitié franco-serbe vibre encore au Kosovo !

L’équipe de bénévoles de Solidarité Kosovo a pris la route le dimanche 3 juillet à 14h. L’objectif de ce convoi humanitaire était d’apporter des lits et des sommiers pour les Serbes du Kosovo. Cette année notre équipe de 8 bénévoles dispose de deux camions (20m3 ; 12m3) et d’une voiture.

Dimanche 3 juillet 2011 :

Le convoi a tout juste franchi la frontière italienne que les premières difficultés commencent… En effet, nous sommes bloqués par une manifestation contre la ligne de TGV reliant Lyon à Turin. Après plus de trois heures d’attente nous pouvons continuer notre route jusqu’à la prochaine mésaventure : un pneu de notre camion crève sur une aire d’autoroute proche de la frontière italo-slovène. L’habitude aidant, nous avons su remédier à ce problème rapidement. Le voyage permet aux bénévoles de faire plus ample connaissance et de partager leurs expériences respectives. Nous nous installons finalement sur une aire d’autoroute slovène, où nous dormons à la belle étoile.  

Lundi 4 juillet 2011

Le lendemain, le passage de la douane croate est plus compliqué malgré les nouveaux papiers administratifs en notre possession.  Pendant que certains pratiquent leur serbo-croate en négociation avec les douaniers, d’autres improvisent une partie de football, à même le parking frontalier. Heureusement pour notre convoi, nous avons pu passer la frontière suivante entre la Croatie et la Serbie sans problème, malgré une température difficilement supportable. 

Mardi 5 juillet 2011

Vers 2h du matin, nous arrivons enfin à la douane du Kosovo.  Nous nous  présentons d’abord  devant la douane serbe pour un contrôle des papiers douaniers, avant de rencontrer le check-point dirigé par l’ONU. Fatigués mais excités à l’idée d’être de nouveau au Kosovo nous continuons la route sinueuse et peu sûre jusqu’à la ville de Kosovska Mitrovica où nous passerons la nuit. Le lendemain, l’équipe prend un peu de repos et en profite pour retrouver les habitants qu’elle a pu rencontrer aux cours des missions précédentes. L’accueil est toujours très chaleureux et nous sommes heureux de revoir nos amis Serbes. L’équipe en profite pour visiter la ville, notamment la récente église construite en 2005 suite à l’incendie criminel de l’ancienne située aujourd’hui en zone albanaise.  En fin de journée, nous profitons de notre temps libre pour visiter plus en profondeur les quartiers nord aux murs décrépis par le temps et la guerre.

En fin d’après-midi nous préparons en détail le programme des jours à venir : distributions du matériel, points média et développement des nouveaux projets avec nos partenaires locaux. Nous passons la soirée à Kosovska Mitrovica. Bien que la situation soit toujours tendue entre les deux côtés de la ville, les familles et les jeunes sortent dans les rues et la font revivre !
Nous dégustons quelques spécialités locales avant d’aller nous coucher. 

Mercredi 6 juillet
 
Après un solide petit-déjeuner, c’est à 8h que nous prenons la route en direction de Gracanica, ville serbe située non loin de la ville principale du Kosovo Pristina. Sur le chemin nous sommes toujours autant stupéfaits par le nombre grandissant de mosquées et de minarets qui fleurissent un peu partout. Les camions avancent sur des routes en état pitoyable, si bien que l’on se demande quand est-ce que les 35 Km de pistes qui séparent Mitrovica de Pristina seront enfin goudronnés. Après trois ans de travaux, tout reste encore à faire… Nous arrivons à Gracanica et apparait devant nous le célèbre monastère du 14eme siècle qui a donné sa célébrité à la petite ville serbe. Classé au Patrimoine Mondial de l’Humanité, nous découvrons ce chef d’œuvre de l’art byzantin entouré de barbelés !
 Avant de le visiter nous passons au bureau humanitaire financé par « Solidarité Kosovo » que nous avons ouvert au mois de février dernier. Nous rejoignons notre ami Bojan, travailleur permanent qui gère le bureau au Kosovo. C’est le moment où certains d’entre nous font la découverte de ce nouveau lieu important de l’association.

Ceux qui n’étaient jamais venus se familiarisent avec le bureau où nous laissons une grande partie du matériel apporté : 25 sommiers et matelas. C’est Bojan qui s’occupera de redistribuer et d’apporter à chaque famille le matériel que nous avons acheminé jusqu’ici. Nous déjeunons avec lui et il nous explique les nouveaux problèmes rencontrés ou ceux qui n’ont pas changé : le chômage chez les jeunes, l’insécurité pour les familles chrétiennes, l’absence de perspective d’avenir pour les Serbes du Kosovo, et cette pauvreté qui ne cesse d’augmenter : depuis l’indépendance du Kosovo, l’écart entre pauvres et riches se creuse chaque jour un peu plus encore.

Les représentants de l’association sont ensuite interviewés par la télévision et la radio. Une équipe de journalistes nous suivra pendant plusieurs jours dans notre périple kosovien ! En effet, ils n’ont pas l’habitude de voir des jeunes d’Europe occidentale faire ce déplacement volontaire, lointain et risqué. 

Nous partons ensuite voir Ilarion, vieil ami de l’association et moine Serbe d’une quarantaine d’années qui parle un français impeccable. Vêtu de sa toge noire Ilarion nous accueille dans « l’arche des convives » qu’il a dressé a l’entrée du monastère dont il a la charge. Isolé au milieu d’une forêt de chênes ce monastère est en pleine rénovation. Nous apercevons des travailleurs des villages alentours s’adonner à la tache pour remonter pierre par pierre l’édifice médiéval. Alors que l’on nous sert l’eau de la source miraculeuse qui coule sous le monastère, Ilarion nous exprime sa reconnaissance pour le travail accompli par notre association. Savoir que les Serbes du Kosovo sont soutenus par plusieurs milliers de Français est pour lui un signe d’espoir important.

Après ces chaleureuses retrouvailles, nous retournons à Gracanica, ville mixte mais plutôt calme. Nous nous retrouvons par hasard dans un café tenu par des Goranes. C’est l’occasion pour nous d’échanger avec eux et de connaitre l’histoire de leur peuple. Les Goranes sont les habitants des montagnes reculées au sud du Kosovo que l’on appelle « Gora ». Ce peuple d’origine slave a une culture bien particulière qui mélange influences orthodoxes, Islam et traditions goranes, c’est-à-dire montagnardes. A peine plus de 10 000 aujourd’hui, cette population a elle aussi connu l’horreur des pogroms puisqu’ils sont considérés par les extrémistes musulmans comme des « pro serbes ». Beaucoup d’entre eux ont trouvé refuge dans les zones serbes du Kosovo : Gracanica, Kosovska Mitrovica… 

Fatigués par notre longue journée nous rentrons nous coucher dans l’enceinte du célèbre monastère. Cette nuit fût pour toute notre équipe un privilège que peu d’Européens ont eu le plaisir de connaitre. 

Jeudi 7 juillet 

Réveil encore une fois bien matinal. Malgré la faible distance (50km), qui nous sépare de Kosovka Kamenica, nous mettons 1h30 pour nous y rendre, l’état des routes étant particulièrement déplorable. L’Est du Kosovo est très dense d’habitations, et sur chaque maison nous pouvons voir un drapeau du Kosovo, un drapeau albanais et un drapeau américain. Cette triade malheureuse marque l’hégémonie de l’Albanie et de l’Amérique dans la déclaration d’indépendance de cet état artificiel.

A Kosovka Kamenica, nous retrouvons Predrag Djordjevic, entraineur du club de judo avec lequel nous avons un partenariat d’aide pour le développement de son club. Nous nous dirigeons vers la salle qui leur sert de « dojo ». On a peine à croire que 80 enfants parviennent à s’entrainer ici tellement les conditions sont précaires. Pourtant, le parquet rayé et troué va être changé, les murs en briques sont en train d’être recrépi. Nous voyons que beaucoup d’efforts ont été consentis pour rénover ce bâtiment afin de donner à la petite communauté serbe de cette enclave un lieu décent pour que les enfants puissent avoir une activité sportive. C’est donc l’âme soulagé que nous déchargeons les 40m2 de tapis que nous avons apportés de France ainsi que les Kimonos et survêtements qui serviront aux sportifs en herbe. Rapidement, plusieurs enfants de l’enclave viennent nous aider à porter le matériel. Nous les en remercions en leur offrant des ballons de foot. Une partie s’engage alors entre les bénévoles de « Solidarité Kosovo » et les enfants du village. 

Avant de repartir nous donnons une interview télé dans laquelle nous expliquons qu’il est important que des initiatives visant à aider le développement du sport parmi la jeunesse serbe voient le jour. C’est en effet un moyen de palier aux dérives que peuvent susciter l’absence de perspectives d’avenir ou le sentiment de ne pas être maitre de son destin. 

En fin d’après midi nos amis serbes nous ont préparé une petite surprise : un cochon grillé ! Dans une ambiance familiale nos hôtes sont ravis de nous faire découvrir leur gastronomie et leur culture. C’est alors que commencent à raisonner les chants traditionnels serbes que nous reprenons tous en cœur dans une atmosphère incroyable. Afin de nous honorer certains d’entre commencent à chanter Piaf et Brel ! Nous oublions le temps d’un instant que nous sommes dans un petit village de 350 habitants isolé au milieu d’un pays devenu hostile. 
A l’issue du repas, nous visitons les familles vivant dans le village. C’est avec fierté qu’ils nous expliquent comment ils parviennent à rester ici en quasi-autarcie. Nous visitons les fermes jusqu’à la tombée de la nuit puis allons dormir chez l’habitant.

Vendredi 8 juillet

Vers 9h du matin, nous saluons chaleureusement nos amis en leur promettant de revenir au mois de décembre. Nous prenons la route direction Belgrade. Les camions étant dorénavant vides, nous passons la frontière serbe et internationale très facilement. Arrivés à Belgrade, nous découvrons une ville splendide, culturellement très riche, mais aussi meurtrie, en témoigne les ruines toujours présentes suite aux bombardements de 1999. Nous visitons le parc Kalemegdan situé en plein cœur de la ville. C’est ici que nous rendons hommage à l’amitié franco-serbe, au pied de l’immense monument dédié à la France sur lequel il est inscrit « Aimons la France comme elle nous a aimés ». Nous déposons une gerbe de fleur sur laquelle il est marqué en langue française et en langue serbe « En souvenir de l’amitié franco-serbe ». Les passants ébahis nous regardent avec intérêt, certains d’entre eux souhaitant même se faire photographier à nos côtés ! 
Nous profitons de cette dernière soirée en Serbie pour fêter dignement ensemble la fin de notre mission. Dès le lendemain matin, nous reprenons la route et arrivons tard dans la nuit à Lyon, fatigués mais satisfaits de ce que ce voyage nous aura appris, les souvenirs de nos rencontres resteront pour nous un espoir: malgré toutes leurs souffrances, les Serbes du Kosovo restent particulièrement généreux et fidèles à leur engagement, à leur foi. Nous ne les oublierons pas et continuerons à leur venir en aide autant que nous le pourrons, afin que ces populations ne tombent pas dans l’oubli dans lequel certains souhaiteraient les laisser. 

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