
Actualité des missions
La serre agricole de la dernière chance
26 juin 2025
Klokot, le village „bouilloire“
Il fut un temps où Klokot était un village thermal prisé. Une vrai «bouilloire», pour reprendre la traduction du nom de la commune en serbe. Mais aujourd'hui, il ne l'est plus, ni prisé, ni village thermale. Les eaux de Klokot qui continuent à jaillir à la température de 50°C ne soignent plus personne. Car le village est vide presque fantôme. Il faut s'enfoncer dans les environs pour rencontrer la poignée de Serbes qui vit sur ces terres brûlées, au carrefour des routes reliant Uroševac et Vitina à Gnjilane, dans l'est du Kosovo-Métochie. Solidarité Kosovo est partie à la rencontre de la famille Stevic qui vit contre vents et marées dans la maison ancestrale.
Trois générations sous le même toît
Petra Stevic est la doyenne du village. Âgée de 85 ans, elle a vu Klokot fleurir puis se mourir sous les balles de la guerre. Impossible pour elle d'évoquer le passé sans retenir ses larmes. D'un revers de main, elle s'essuie le visage et dit préférer regarder l'avenir en se tournant vers sa petite-fille Tara qui l'écoute avec compassion du haut de ses huit ans. Elle semble connaître le chagrin qui envahit sa grand-mère. Sans doute a-t-elle déjà entendue son histoire et pour cause. „Nous habitons tous ensemble“, Nebojša, le père de famille emboîte le pas à sa mère en poursuivant les présentations „ mes quatre enfants, mon épouse, ma mère, moi. Ça fait du monde!“ Aussitôt dit, Damjan, Aleksej, Tara et Anja accourent et se pressent contre leur père comme s’ils s’étaient sentis appelés. Les yeux pétillants et le sourire coquin, ils chahutent joyeusement délivrant l’ambiance grave.
Chaque jour, un repas complet et sain pour sept
Jelena, les mains gantées, salue de l’avant-bras. La maîtresse de maison revient d'un pas pressé du jardin, ou plutôt de sous la serre. Elle tient à bout de bras un panier en osier remplie à ras-bord de légumes. «C’est pour le repas » explique-t-elle le souffle coupé avant de poursuivre sa route en direction des fourneaux.
Les enfants d’humeur taquine la reprennent: « il n’y en pas assez maman ! on va en chercher encore! ». À leur tour, ils s'engouffrent à la queue-leu-leu dans la serre agricole. „Regardez! Là! un concombre!“ Damjan pointe du doigt le légume comme on découvre un trésor. „ On va aussi prendre des tomates pour faire une bonne salade“, propose Anja l'aînée, le sourire gourmand. Les rires s'emmêlent et les enfants chargent leurs petits bras de beaux légumes ronds et colorés.
Une bouée de sauvetage
La bonne humeur est communicative et libère la parole du père de famille. „Ils s'amusent, ils s'amusent les enfants mais cette serre agricole est une aubaine. En plus du lait et du fromage que nous fabriquons, elle nous apporte chaque jour de quoi cuisiner un repas complet et sain pour nous sept.“ Autre bénéfice de la serre: consommer des légumes et des fruits tout au long de l'année grâce à leur conservation et à leur affinement. „Le garde-manger est bien garni pour l'hiver“. Petra est fière de ses clayettes en bois remplies des récoltes de l’été : haricots verts, poires, cerises, sauce tomate… Les bocaux sont alignés comme des petites perles les uns à côté des autres. Sur l'étagère du haut, les feuilles de verveine sèchent dans un tamis. „Ici reposent nos vitamines pour forger l'immunité de la famille et traverser l'hiver en bonne santé mais pas que... un bon pot de confiture ca met aussi du baume au cœur!“
„On mange!“ Jelena rameute la famille autour d'une grande tablée. Au menu de ce repas champêtre: srpska salata composée de tomates, concombres et oignions coupés en dés suivi de courgettes sautées à l'ail et des oeufs à la coque. Sans oublier le dessert: de délicieuses framboises à vo-lon-té!
Les assiettes sont alléchantes et les appétits dévorant. Mais avant la dégustation, la famille a une tradition. Debout autour de la table où seule Petra est assise, la famille écoute un joli bénédicité récité par Anja les mains en prière et les yeux fermés.
« Bénissez-nous, Seigneur, bénissez ce repas, ceux qui l'ont préparé, et procurez du pain à ceux qui n'en ont pas ! Ainsi soit-il ! »
La serre agricole installée au printemps dans le potager de la famille Stevic a bien portée ses fruits en améliorant l’ordinaire en été avec des légumes frais et en hiver avec des conserves et des bocaux.
L'incroyable succès des serres agricoles qui dure depuis 9 ans
Elles poussent comme des champignons! Depuis 2016, 250 serres agricoles ont été installées dans les enclaves sous l’impulsion de Solidarité Kosovo qui renouvelle chaque année son opération agraire en faveur des familles les plus isolées.
Encouragé par le succès des précédentes éditions, Arnaud Gouillon, Président de Solidarité Kosovo, explique que « cette pratique a été retenue parce qu’elle ne requiert qu’un petit capital de départ tout en permettant de produire plus ». Couvrant une surface de 50 mètres carrés, une serre permet de couvrir les besoins en légumes d'une famille tout au long de l’année.
Les familles bénéficiaires sont sélectionnées par l’intermédiaire de Svetlana, Directrice de la Soupe diocésaine : « Nous privilégions les familles des enclaves qui cultivent déjà la terre avec sérieux et efficacité. Nous sommes ainsi certains que les serres seront utilisées correctement, pour le bien de ces familles et de leur entourage. »
Au total 200.000 euros ont été consacrés en faveur de cette opération agraire dont 50.000 euros pour cette année.

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